they don't care a thing about you, like i do [R. LEMY]

Il essuya doucement le sang qui coulait des lèvres roses de Judith. Cette dernière, aux grands yeux verts et aux cheveux de feu, semblait sur le point de craquer. Son corps tremblait comme une feuille, et Dorian se doutait bien que ce devait être sa propre présence qui lui faisait cet effet. Et ce n'était pas pour se penser meilleur ou quoique ce soit. Il en était même plutôt désolé. Il ne voulait pas de ces relations-là avec ses filles. Il ne voulait pas qu'elles le voient comme le grand méchant loup, qui les obligeait à travailler contre leur gré. Il leur offrait tout ce qu'elles voulaient, que ce soit argent, sécurité, drogue ou même alcool. Il avait de la difficulté à comprendre le point de vue de ceux qui disaient qu'elles vivaient dans un endroit pourri. Le FunHouse était toujours très propre, Dorian forçait tous ses employés à être très polis et la seule règle que les clients devaient respecter c'était celle-là: ne pas violenter les filles. Dorian ne voulait voir aucun sang par terre, aucune violence. Ils étaient au Funhouse. Pas dans un établissement de fou. Alors voir sa petite Judith dans cet état-là, ça le mettait hors de lui. Il savait bien qui lui avait avait abîmé son joli minois, et il ne remettrait jamais les pieds ici. En fait, dans l'heure qui allait suivre, il n'allait plus pouvoir marcher, sentir, manger, voir, vivre. Il allait être mort.
D'ailleurs, il entendait les murmures des clients habituels qui ne comprenaient pas. Eux, ils savaient. Ils avaient vu aussi. Et ils respectaient. Beaucoup d'entre eux ne comprenaient pas par contre comment Dorian faisait pour avoir autant de contrôle sur son personnel. Bien sûr, les démonstrations de violence qu'on l'avait vu faire avait servit d'exemples, mais quand même. Il n'était pas le plus imposant des hommes, ou le plus cruel. Dorian avait toujours ce petit sourire innocent collé au visage, ses vêtements bien propres, sa voix douce et surtout son air enfantin. On ne lui donnait pas plus que 21 ans. Comment un si jeune homme avait-il pu tourner avec autant d'influence? Soit il n'était pas le vrai propriétaire de la bâtisse, soit il était le meilleur manipulateur. Mais de toute façon, l'important c'était que c'était bien un des seuls endroits où on pouvait retrouver un certain contrôle. Un certain ordre.
Bien que depuis quelques temps, on revoyait certaines choses en ville qui avaient été depuis très longtemps oubliées. La loi, notamment. On découvrait de plus en plus de polices, qui patrouillaient surtout dans le nord de la ville, dans le Upper. Dans le Downtown, c'était plus ... discret comme opérations. Il faut savoir aussi que la "criminalité" se faisait beaucoup plus voir dans le Bottom qu'ailleurs.

« Judith, ma chérie. Ne t'inquiètes pas. Ton visage n'a rien perdu de sa beauté. »

La jeune rouquine sourit légèrement et ses joues se teintèrent de rose. Elle mit une de ses mèches de cheveux derrière son oreille et s'humecta les lèvres fraîchement nettoyées. Elle semblait vouloir reprendre le contrôle sur ses émotions et ses peurs, mais le choc avait été si grand qu'elle en était incapable. Dorian lui prit les mains et lui embrassa le front pour la calmer un peu. « Allez viens, Samantha va s'occuper de toi. Tu vas être en sécurité. » Une petite brune vint prendre la main de Judith et l'emmena pour l'aider à se changer. Dorian s'essuya les mains sur un mouchoir qu'il prit de ses poches en regardant les deux jeunes filles marcher devant lui. Judith n'avait plus peur de lui. Elle avait peur du noir, de la violence et de la douleur. Tout en y pensant, il monta les escaliers jusqu'à son bureau. Les humains avaient tous les mêmes peurs. Mais si peu d'entre eux l'avait connue personnellement. La peur était devenue sa meilleure amie à lui, Dorian Wells, exactement de la même façon que la mort était maintenant la maîtresse de cet homme qui avait violenté Judith. Avec un petit soupire d'exaspération devant ces humains victimes de leurs pulsions, Dorian ouvrit la porte de son bureau tranquillement. Ses yeux se posèrent tout de suite sur la jeune femme qui était assise sur le divan de cuir. Elle se leva rapidement lorsqu'il entra dans la pièce.

« Dorian ... » « Eddie. Que puis-je faire pour toi? » Elle prit un moment de silence et Dorian remarqua la nervosité de ses mouvements. En fronçant les sourcils, il se cala dans son siège de cuir. « Qu'est-ce qui se passe? » « ... Écoute ... Je sais qu'on avait une entente mais ... Je n'ai pas été capable de la retenir. » À l'instant même que ces mots sortaient de la bouche d'Eddison, la porte vola à travers la pièce pour venir s'écraser contre la fenêtre, qui sous le poids de cette attaque mystère, céda et se brisa. Dorian se leva rapidement pour regarder les dégâts. « Ma fenêtre! Cassiel, je déteste quand on détruit mes biens. » Sa voix était amusée légèrement alors que son attention se retourna vers la porte pour voir Alyson Brooks, flanquée de deux gorilles.

"Promet-moi", murmura Eddison. "S'il te plait, Cassiel."

"C'est toi qui avait promis. Où est Lyrah? Avec qui?! Tu te rends compte de ce qui pourrait arriver si..."

"ARRÊTE!" cria la jeune femme.

Aussitôt toute colère quitta l'archange. Ses épaules affaissèrent et elle prit une minute de silence pour reprendre une contenance normale. Quand elle releva la tête elle avait plus de contenance. Elle ne comprenait pas pourquoi sa soeur compliquait tout. Elle avait renoncé à élever sa fille, la chose la plus importante qui avait pu se produire dans sa vie, et l'avait confié à sa soeur.

"Elle est en sécurité.", finit par dire Eddison.

"Avec qui?"

Elle regarda la jeune femme faire demi tour et sortie du petit appartement qui servait à Alyson de bureau. La porte se rouvrit sur Eddision qui portait un poupon dans les bras. Aussitôt les larmes apparurent. Elle n'avait pas revue sa fille depuis qu'elle l'avait confié à sa soeur quelques jours à peine après l'accouchement. Le regard de la petite fille était fixée sur elle. Les trois femmes s'immobilisèrent. Sans plus attendre, elle serra sa soeur dans ses bras et embrassa la fillette.

"Retourne où tu étais. C'est dangereux pour vous deux d'être ici. Si Aaron vous voit se sera l'enfer."

Eddison reprit la petite et hocha la tête, rassurée qu'Alyson soit plus calméé et apparemment moins agressive et prête à sauter à la gorge de Dorian. Elle prit tout de même la décision de faire un détour par le Bottom pour avertir le démon. Elle lui devait au moins ça. Ce qu'elle ignorait c'est qu'Alyson donnait ses ordres et que le Funhouse serait encerclé. Elle avait seulement l'intention de discuter avec Dorian, mais depuis sa séparation elle prenait ses précautions. Encore plus maintenant qu'elle savait que sa soeur et Lyrah étaient dans les environs.

"Suis la et avertis moi si elle va dans le Bottom" ordonna l'archange à un de ses hommes de confiance.

Il fallut une quinzaine de minutes avant qu'on lui apprenne qu'Eddison venant d'entrer au Funhouse. Il en fallu seulement cinq pour Alyson pour s'y rendre aussi et faire son entrée. Remarquant immédiatement sa fille qui dormait sur le divan.

"Je me fous de ta fenêtre, Dorian."

"Aly, s'il te plait." supplia sa soeur.

"Non. Ça suffit. Je laisserais pas un homme empêcher l'avancement de la Lumière plus longtemps. Encore moins livrer des âmes aux démons de la résistance."

Se retourne vers Dorian.

"Quelque chose a dire pour ta défense?"